Projets soutenus par le Labex DRIIHM

Les activités humaines ont profondément altéré la dynamique des rivières avec des conséquences majeures sur la biodiversité. Sur le Rhône, des opérations de gestion et de restaurations des milieux riverains sont conduites notamment afin de favoriser le développement d’habitats pionniers, comme les bancs de graviers. Ces opérations visent plus généralement à favoriser une plus grande naturalité des rives et des milieux annexes, et ainsi permettre un gain de biodiversité. La plus-value écologique de ces opérations de gestion et de restauration pose cependant question. En effet, les connaissances sur les paramètres structurants les communautés des zones riveraines sont encore très insuffisantes, en particulier pour des systèmes très anthropisés comme le sont les marges du Rhône. L’évolution spatio-temporelle de ces milieux, à travers les trajectoires successionnelles qui se mettent en place, pose également question : s’oriente-t-on vers des communautés historiques ou suit-on des trajectoires nouvelles? En utilisant une approche basée sur les traits des espèces, l’objectif de ce projet est de (i) mieux comprendre les déterminants biotiques et abiotiques de la biodiversité des milieux riverains, (ii) documenter les dynamiques successionnelles des marges gérées. Par une approche comparative avec des milieux riverains en place sur le Rhône, des milieux restaurés et des milieux dit de référence, on visera plus globalement à analyser les coûts et les bénéfices des opérations de restauration/gestion.
Ce projet de recherche s’inscrit dans le thème prioritaire « Restauration et renaturation » de l’OHM vallée du Rhône.

Les activités anthropiques de la Vallée du Rhône rejettent dans le fleuve des substances nocives pour la santé des écosystèmes (métaux traces, solvants chlorés, HAP, benzène, toluène, xylènes, PCB, chlorobenzènes, chlorophénols, herbicides, insecticides, fongicides, substances radioactivesetc.). Les réseaux de surveillance de l’état chimique et radiologique du Rhône sont des outils essentiels pour connaître le niveau de contamination des milieux aquatiques et son évolution, mais l’exploitation de leurs données ne permet pas d’appréhender l’impact cumulé des différents polluants, ni la réalité de l’exposition des organismes aux polluants.
L’objectif de ce projet est d’appréhender de manière globale l’impact des pressions toxiques multiples, en mélange, sur les écosystèmes aquatiques du corridor rhodanien. Par leurs compétencs complémentaires, les équipes de l’Irstea et de l’IRSN se proposent d’exploiter les bases de données obtenues via les programmes de surveillance, que ce soit dans le cadre de la directive cadre sur l’eau (DCE) ou de la surveillance radiologique. Ce projet offre pour la première fois la possibilité d’évaluer le stress imposé par les polluants chimiques et radioactifs sur l’écosystème du Rhône de manière intégrée. Il s’agit d’une approche novatrice qui, si elle s’avère pertinente, pourrait être étendue à d’autres sites, y compris à l’échelle internationale. Elle permettra également de « sérier » les polluants et ainsi de prioriser les solutions à apporter, qui sont différentes selon les types de polluants.

Ce projet propose d’élaborer une frise chrono-systémique détaillant les évènements marquants dans la trajectoire géo-historique du Rhône, auxquels pourront être superposés les principaux résultats de recherche de l’OHM VR afin de mettre en évidence les interactions entre les évènements. La frise vise à être à la fois un outil de communication à destination des partenaires techniques, et un outil de travail entre les chercheurs pour croiser les thématiques et faire émerger de nouveaux questionnements scientifiques. L’élaboration de la frise se basera sur un atelier entre les membres du CD, sur la consultation des partenaires techniques, et sur le développement d’une solution logicielle pour sa mise en ligne.

Mettre en œuvre une gestion intégrée du fleuve, c’est savoir arbitrer entre une multitude d’enjeux parfois contradictoires et confronter les valeurs des différents acteurs de l’eau. Les valeurs que ces derniers accordent au fleuve Rhône ont déjà fait l’objet de plusieurs travaux. Les résultats ont permis de mieux comprendre la nature des liens qui les unissent au fleuve Rhône. Ces liens mériteraient toutefois d’être davantage spatialisés. La valeur émerge en effet dans un contexte culturel donné, en un temps mais aussi en un lieu. Il apparait important d’approfondir la manière dont les valeurs associées au Rhône se répartissent spatialement et comment cette répartition interagit avec les expériences et les savoirs individuels. Le projet Carteauval se propose de définir des méthodes pour spatialiser les valeurs accordées au fleuve Rhône par les acteurs de l’eau, et notamment par les riverains. Deux approches seront explorées : (1) l’enquête (production des données dans le cadre d’une enquête combinant entretiens et cartographie mentale par PPGIS) ; (2) l’analyse de données d’un réseau social (recherche par mots-clés et extraction de données via l’API Twitter). Les résultats devraient permettre de produire, pour chacune des approches mises en œuvre, une cartographie des valeurs individuelles et collectives associées au Rhône, ainsi qu’une base de données synthétisant, pour chacun des lieux valorisés, les types de valeur qui lui sont associées (données issues de l’analyse de discours).

Le Rhône actuel présente un ensemble de motifs paysagers largement artificialisés. Le paysage qui s’offre à la vue aujourd’hui est marqué par la répétition d’éléments similaires (sections court-circuitées, ouvrages Girardon, anciens bras déconnectés) résultant de la longue période d’aménagement massif qu’a connu le fleuve depuis le milieu du XIXe siècle.
Dans un contexte global de restauration et de renaturation du Rhône, une meilleure connaissance de la trajectoire géo-historique de l’hydrosystème avant-aménagements constitue donc un enjeu stratégique de connaissance, tant pour les scientifiques que pour les aménageurs, les décideurs et les riverains.
Le présent projet vise à mieux caractériser les paysages du corridor fluvial avant les grands aménagements, notamment au XIXe siècle. Le corridor fluvial correspond à un espace allongé, de largeur variable, incluant la bande active et les milieux riverains soumis à l’inondation et à l’érosion.
Pour mettre au jour les paysages passés du corridor fluvial, ce travail mettra en œuvre deux approches dans une démarche interdisciplinaire.
-Une approche de laboratoire issue des archéosciences appliquée à des carottes sédimentaires, en recourant à la carpologie, la xylologie, la palynologie, la sédimentologie, la datation au carbone 14. Cela nécessite des collaborations scientifiques.
-Une approche de reconstruction dynamique et régressive des paysages par les cartes anciennes, les textes et l’iconographie. Le travail consiste notamment à géoréférencer et digitaliser le cadastre napoléonien à très grande échelle, afin de caractériser l’occupation des sols et d’en inférer des éléments de reconstitution paysagère.
Le travail porte sur deux secteurs d’étude : Brégnier-Cordon et Donzère-Mondragon.